Elections municipales, et après ? Un remaniement ne suffira pas !

Les électeurs ont rendu leur verdict. Alors que les résultats du premier tour des élections municipales sont désormais connus, il faudrait être sourd pour ne pas entendre le message adressé à la majorité. Certes il y a un second tour, certes il s’agit d’une élection locale, il faut cependant prendre en compte ce qu’expriment nos concitoyens, et comprendre pourquoi les électeurs de gauche ne se sont pas mobilisés. Il est urgent de se remettre en question et de tirer des constats lucides.

Nous n’avons pas été en mesure de répondre au mal-être d’une partie toujours plus importante de la société française, faute de lisibilité et d’un cap clairement défini. Le Front National prospère sur ce flou, ce sentiment d’abandon : il s’alimente de ce rejet, et non de l’adhésion à ses idées. Nous n’avons pas entendu les Français et leurs préoccupations, nous le payons dans les urnes par la montée du vote frontiste. Je déplore d’ailleurs l’attitude irresponsable de l’UMP, qui à la différence du PS n’appelle pas au front républicain, et ouvre les portes de municipalités à des élus qui remettent en question les valeurs de la République.

Face à cette situation, un remaniement ne suffira pas. Ce n’est pas seulement une question de personnes ou de nombre, c’est une question de fond. Les Français adhèrent aux idées du PS, ils l’ont exprimé en élisant François Hollande sur un programme clair de 60 engagements, puis en élisant une large majorité parlementaire. En revanche, ils ne se retrouvent pas dans les effets produits par cette politique. Ils dénoncent un éloignement entre le monde politique et les réalités du terrain, ce qui se traduit par le vote contestataire ou l’abstention. On ne peut que le regretter, même si on le comprend.

Aujourd’hui, le citoyen se sent exclu du processus décisionnel. La participation citoyenne fait peur. Il y a une volonté politique, parfois, de ne pas l’associer, lorsqu’elle n’est pas institutionnelle. Certains y voient une remise en cause du suffrage universel : je ne le crois pas. Chacun a son mot à dire, et doit être entendu. Car après tout, qu’est-ce qu’être élu, si ce n’est représenter le Peuple et ses aspirations ? Qui peut se satisfaire d’une élection lorsque l’abstention atteint un record absolu et frôle les 40% ? Je suis Députée pour donner à des femmes et à des hommes le droit de s’exprimer. L’émancipation de la société passe par l’expression démocratique, qui ne doit pas se limiter à un acte, un devoir, celui du vote, mais doit être permanente. C’est ainsi que l’on répond à la crise de confiance. C’est ainsi que j’exerce mon mandat.

Le temps du courage politique à gauche est venu. Les réponses sont connues : fixer un cap et le tenir, mobiliser les forces de ce pays, remettre en cause le corporatisme et les lobbies qui annihilent l’action politique, porter un discours de vérité et de clarté, être efficace dans les actes et avoir des résultats concrets.

L’emploi, la jeunesse et la transition écologique doivent être les piliers de notre action : ils sont indissociables. Il faut continuer la bataille de l’emploi, en mettant les salariés et les travailleurs pauvres au cœur de notre politique. Il faut se réapproprier la valeur travail, racine du mouvement ouvrier et des combats menés par la gauche. Nous devons créer les emplois de demain sur la base d’un nouveau modèle de développement durable. Parce qu’un emploi d’aujourd’hui peut compromettre deux emplois de demain, il est de notre devoir de voir plus loin.

C’est donc par un sursaut, par la définition d’une ligne claire et lisible pour nos électeurs, que nous remobiliserons nos forces en vue du second tour et au-delà. Il est urgent de redonner confiance en la politique. Et j’y crois !

Crédits photo : ©PascalPavani