Dimanche, lors d’un rassemblement citoyen national, la France toute entière s’est levée.
Elle s’est levée dans un mouvement inouï, extraordinaire, dans lequel le peuple s’est exprimé pour rendre hommage aux victimes des attentats terroristes : Frédéric Boisseau, Philippe Braham, Franck Brinsolaro, Jean Cabut dit Cabu, Elsa Cayat, Stéphane Charbonnier dit Charb, Yohan Cohen, Yoav Hattab, Philippe Honoré, Clarissa Jean-Philippe, Bernard Maris, Ahmed Merabet, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, François-Michel Saada, Bernard Verlhac dit Tignous, Georges Wolinski.
La France s’est levée dans une ampleur sans précédent : environ 4 millions de Français ont participé aux marches républicaines. En province, plus de 2,5 millions de manifestants ont été décomptés par les autorités. Nous étions plus de 3000 à Aubenas.
Le Peuple de France s’est levé pour dire que nous sommes tous Charlie, que nous sommes tous des policiers, que nous sommes tous des juifs français, aux chants de la Marseillaise.
Notre pays s’est levé de la même façon qu’il l’avait fait lors de la Fête de la Fédération de 1790, des journées de février de 1848, de l’enterrement de Victor Hugo le 1er juin 1885, des journées de mai 1936, de celles d’août 1945. Notre pays a ainsi dépassé son meilleur.
Le monde entier s’est également levé. Des rassemblements se sont tenus aux quatre coins du globe : 25 000 personnes à Montréal, 20 000 à Bruxelles, 18 000 à Berlin, 12 000 à Vienne, 3 000 à Stockholm, 2 000 à Londres, 2 000 à San Francisco, 1 500 à Athènes et à Thessalonique, 500 à Los Angeles…
Par ailleurs, plus d’une cinquantaine de chefs d’État, de gouvernement et d’institutions internationales ont manifesté leur mobilisation commune. Parmi eux :
– Les dirigeants européens, parmi lesquels Angela Merkel, David Cameron, Matteo Renzi, Mariano Rajoy, Helle Thorning-Schmidt, Antonis Samaras, Charles Michel…
– Le président du Mali Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.
Comme l’a souligné le Premier ministre Manuel Valls : « Ce sont des symboles forts (…) il faudra aller au-delà des symboles, mais aujourd’hui Paris est la capitale du monde, de la liberté, de la démocratie ».
Mais je veux également souligner, à la manière du Premier ministre, qu’il ne faut pas baisser la garde.
Parce que l’épreuve à laquelle la France est confrontée concerne non seulement l’Europe mais aussi toutes les démocraties, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a pris l’initiative de réunir en urgence le G10. Ce groupe rassemble dans un cadre informel de coopération et d’échange les ministres de l’Intérieur des pays européens les plus touchés par le phénomène dit des combattants étrangers. L’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Pologne, l’Espagne, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas, le Danemark et l’Autriche.
Nous devrons particulièrement travailler dans les jours et les mois qui viennent sur des points très précis : créer une nouvelle législation, renforcer les moyens destinés à contrecarrer les déplacements de combattants étrangers et de toutes les filières , renforcer la lutte contre les facteurs et les vecteurs de radicalisation notamment sur Internet, mieux échanger les informations au niveau mondial, davantage solliciter les enceintes multilatérales de coopération policière et judiciaire, lutter contre la circulation et le commerce illégal d’armes à feu…
Le dessinateur Charb disait « Je préfère mourir debout que vivre à genoux ».
Dimanche, le Peuple de France s’est levé, a montré qu’il est debout, uni face à ce qui porte atteinte aux valeurs fondamentales de la démocratie et de la République française, et notamment sur la liberté d’expression, sur la liberté de la presse, sur la laïcité.
Demain il devra se lever sous la coupole des valeurs de la République pour exprimer notre rejet de la violence, de l’intolérance, de l’obscurantisme, du fanatisme.
