Mon intervention aux Mardis de l’Avenir : transition énergétique et gouvernance environnementale

Ce mardi 4 mars a eu lieu, à l’hôtel de Lassay à l’Assemblée Nationale, la 4ème édition des Mardis de l’Avenir consacrée à la transition écologique. Sujet de la soirée : l’Urgence Européenne ?

Le cadre européen représente un élément de plus en plus structurant pour les stratégies nationales de transition énergétique, que ce soit à travers l’avènement du marché unique de l’énergie, ou à travers les réglementations européennes en matière d’énergie et d’environnement. Si l’approche européenne présente manifestement de nombreuses opportunités face aux défis de la transition énergétique pour valoriser les complémentarités entre Etats, sa concrétisation reste dépendante de la cohérence du cadre politique européen et de la coordination effective entre la diversité des stratégies nationales. Enfin, l’Europe a besoin d’une nouvelle impulsion politique, et le renforcement de la coopération franco-allemande peut en faire le moteur du projet européen de transition énergétique.

C’est sur ce dernier point que j’ai été interrogée par Amandine BEGOT, journaliste à I-Télé. A commencer par la coopération industrielle et l’idée d’un Airbus de l’Energie.

Qu’il s’agisse de coopération bilatérale ou d’Airbus de l’Energie, j’ai souhaité faire la chasse aux mots valises. Des notions qu’il est urgent de définir pour mieux les remplir.

En effet, l’exemple d’Airbus tel qu’on le connaît n’est pas forcément transposable au modèle des énergies renouvelables qui, par essence, sont des énergies décentralisées. Mais l’idée d’un Airbus des énergies renouvelables peut prendre une autre forme, celle déjà pensée, notamment, par l’Office franco-allemand des énergies renouvelables (OFAEnR) et qui met l’accent sur la coopération entre les différents groupes d’acteurs. Une coopération qui s’impose pour la nécessaire réussite du développement des énergies propres et qui doit permettre de dépasser des obstacles techniques, juridiques, financiers… Telle est l’intention de la prochaine conférence organisée par l’Office le 10 avril prochain en proposant des regards croisés France/Allemagne sur les nouveaux modèles de consommation et de commercialisation du photovoltaïque. Une conférence à laquelle j’aurai l’honneur de prononcer le discours de clôture.

Cette forme de coopération n’est, à mon sens, qu’un exemple parmi tant d’autres. La coopération que nous connaissons aujourd’hui est trop timorée. Elle doit aller plus loin, beaucoup plus loin. D’abord, en associant les élus : pourquoi ne pas imaginer des rencontres parlementaires franco-allemandes ? Ensuite, en dépassant le cadre de l’énergie.

N’oublions pas que la transition énergétique a pour objet de lutter contre le changement climatique. Restreindre la coopération bilatérale à la politique de l’énergie serait donc une erreur. Elle doit s’étendre à l’ensemble des décisions qui concernent l’environnement. Un exemple récent nous le rappelle. J’ai soutenu, ce mercredi 26 février, en Commission du développement durable à l’Assemblée nationale, la proposition de loi interdisant la mise en culture du maïs génétiquement modifié. Or ce lundi 3 mars au Conseil environnement de l’Union européenne, la France et l’Allemagne n’avaient pas la même position sur le sujet. Preuve des limites du dialogue franco-allemand. Si le dialogue entre 2 pays passe incontestablement par les chefs d’Etat, il ne peut pas s’en satisfaire. Il doit aussi se faire entre chefs d’entreprises (OFAEnR), entre élus, entre étudiants sans oublier les citoyens. Et surtout, doit concerner tous les sujets environnementaux. J’ai conscience qu’il s’agit là d’une mini révolution, d’une gouvernance que nous ne connaissons pas ou pas encore… Mais, tel que j’ai eu l’occasion de l’exprimer mardi soir, « la transition énergétique est une question sociétale qui concerne aussi les citoyens ». L’énergie, pas plus que la coopération, ne doit pas être un concept d’experts pour les experts. Bien plus qu’une coopération, c’est un véritable dialogue entre deux démocraties que nous devons inventer en souhaitant le voir se diffuser à l’ensemble des autres démocraties…