Fracturation hydraulique : communiqué de presse de Jean-Paul CHANTEGUET

L’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a publié ce mercredi un rapport sur « les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels », à savoir le gaz de schiste mais aussi le gaz de houille.

La majeure partie du travail réalisé est curieusement hors sujet, puisqu’il concerne la fracturation hydraulique, dont l’interdiction prévue par la loi française a été confirmée par une décision du conseil constitutionnel le 11 octobre dernier. Les rapporteurs se disent convaincus que cette technique (illégale) est, grâce à d’importants progrès, dorénavant maîtrisée et raisonnablement utilisable. Cette conviction se révèle pourtant, au fil de la lecture du rapport, relever de l’acte de foi et non  de la moindre preuve scientifique, concernant aussi bien les pollutions de l’eau, de l’air et des sols que les émissions de gaz à effet de serre et les risques sismiques entraînés par la fracturation hydraulique.

Le voyage d’études, réalisé aux Etats-Unis par les parlementaires, leur a en revanche permis de constater que le sujet y reste controversé, puisque « le Vermont a interdit toute fracturation, trois Etats ont voté un moratoire et plus curieusement quatre des cinq Etats principaux producteurs de gaz et de pétrole non conventionnels connaissent des interdictions localisées, votées par certains conseils municipaux ». Interrogé par les rapporteurs, le département américain de l’énergie n’a d’ailleurs pas nié l’existence  de pollutions accidentelles. Et il a fallu, rappel essentiel,  que le Congrès américain exempte l’exploitation du gaz de schiste de l’application de la loi fédérale sur l’eau, pour que cette industrie polluante puisse se développer.

Quant à l’exploitation en Pologne, où se sont également rendus les parlementaires, elle se heurte à des difficultés géologiques. Les roches mères, très profondes et denses, ne permettent que de faibles taux de récupération de gaz. Ce qui, couplé avec « des estimations trop optimistes des ressources» a entraîné le retrait d’entreprises, qui ont préféré se recentrer sur des investissements plus rentables.

Tout cela n’empêche pas les rapporteurs de revendiquer que la France démarre sans tarder des recherches sur ses réserves, ce qui nécessiterait quelques dizaines de fracturations hydrauliques rendues possibles par une dérogation à la loi, qui vient pourtant d’être déclarée conforme à la constitution !

Quant aux techniques alternatives à la fracturation hydraulique, sujet du rapport, les rapporteurs les listent, en reconnaissant qu’il s’agit de pistes :

-les explosifs « utilisés dans le passé »

-la fracturation électrique « non viable selon Total »

-le chauffage de la roche « qui nécessite de lever des verrous scientifiques considérables »

-la fracturation pneumatique par ondes de choc

-la stimulation par le gaz carbonique « prometteuse mais dont l’approvisionnement est complexe et coûteux et l’usage potentiellement toxique ».

-enfin la stimulation au propane dont il faudrait utiliser une forme non inflammable, « procédé qui n’a pas fait l’objet de démonstration à taille réelle et qui n’est pas sans danger pour le climat »

Enfin les rapporteurs s’intéressent au gaz de houille et plus précisément à celui qui serait issu des couches de charbon n’ayant pas donné lieu à l’exploitation minière en raison de leur profondeur ou de leur mauvaise qualité. Susceptible, selon les rapporteurs, d’être récupérée sans recours à la fracturation hydraulique en Lorraine et dans le Nord Pas-de-Calais, cette ressource devrait faire l’objet d’estimations sérieuses, afin de savoir si  une exploitation est économiquement justifiée.

Au final, préserver l’avenir passerait par le lancement de recherches sur les hydrocarbures non conventionnels, réalisées par les entreprises privées, étant donné l’état de nos finances publiques. A défaut de quoi ce serait l’obscurantisme et l’ignorance qui triompheraient !

Loin de m’arroger le monopole de la connaissance, je souhaite rappeler que l’énergie du 21ème siècle est avant tout celle que l’on économise et celle issue des technologies renouvelables. L’avenir n’est certainement pas de s’obstiner dans les voies du passé et d’exploiter les dernières ressources fossiles disponibles, de plus en plus complexes et coûteuses à extraire, à des prix toujours croissants également pour le climat, l’environnement et la santé.