Discours des Voeux 2016

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C’est devant une assistance toujours plus nombreuse au fil des ans que j’ai présenté mes voeux jeudi soir à l’Espace Lienhart d’Aubenas.

En 2016 restons fidèles, ingénieux, ouverts.

Retrouvez mon discours :

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DISCOURS DE VŒUX DE SABINE BUIS,

28 janvier 2016

Madame la Sous-préfète,

Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux,

Mesdames et Messieurs les Maires,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les Directeurs Départementaux des Services de l’Etat, des Collectivités territoriales et des Administrations,

Messieurs les Représentants des forces de Gendarmerie, Police et Sapeurs Pompiers,

Mesdames et Messieurs les Représentants du monde économique, agricole, associatif, éducatif, syndical, culturel, sportif, social et cultuel,

Mesdames, Messieurs,

Cher(e)s ami(e)s,

 

C’est avec une certaine et sincère émotion que je nous vois réunis pour cette nouvelle année.

Il était temps de tourner la page 2015. Je ne reviendrai pas sur ce que nous ne savons que trop.

Les attaques de janvier, le lâche assassinat de tant de nos compatriotes. La France outragée, les peines, les larmes de tout un peuple, de tout un monde.

Je n’insisterai pas sur le retour de la barbarie le 13 novembre dernier, nos cœurs en miettes, nos consciences révoltées, les douleurs des blessés.

Nous avons tous été choqués par ce que nous avons vécu.

Nous sommes tous encore conscients que le danger est toujours là, sournois.

Des mesures fortes doivent être adoptées. Pas des mesures symboliques prises dans l’émotion, sous la pression de l’urgence. Il nous faut des mesures réfléchies, efficaces et adaptées à la situation particulière dans laquelle nous nous trouvons. Un débat va s’engager la semaine prochaine au Parlement. J’y prendrai toute ma part.

La France doit garder le cap, ne rien renier de ses valeurs, ne rien sacrifier de ses fondamentaux qui font sa renommée dans le monde entier.

Tel un épisode cévenol, la rivière doit reprendre son lit normal.

Il est coutumier, en début d’année, de prendre des résolutions. Mais lesquelles ?

Cette traditionnelle cérémonie des vœux est aussi un prétexte pour vous faire des confidences.

Une confidence devant plusieurs centaines de personnes relève davantage de la déclaration publique, j’en conviens. Pourtant, il règne ce soir dans cette salle une certaine intimité.

Une intimité et de la confiance. De la sincérité et du respect qui m’invitent à rester moi et à ne pas tomber dans ces discours policés.

Ce soir, comme toujours, je vais laisser au panier les éléments de langage et m’interdire ces mots qui veulent tout dire ou rien dire. Je ne vous parlerai donc pas de projets transversaux, intergénérationnels, ni même de territoires oubliés.

Cette intimité me pousse à la confidence. Alors, je m’y lance.

  • Nous connaissons tous l’air du temps : le politique serait devenu impuissant, les institutions inutiles, le Parlement une idée dépassée. Je ne le crois pas et vous voir si nombreux ce soir dans cette salle me met du baume au cœur. De nouveaux visages, mais surtout des personnes de toutes origines sociales, de tous horizons politiques : de droite, de gauche, du centre et je ne sais d’où car, ce n’est pas le sujet.
  • Le vrai sujet est celui de l’unité républicaine qui exige de nous de parler avec tout le monde.

Au nom de quel principe une députée de gauche ne devrait converser qu’avec ceux qui pensent comme elle ?

Ce principe la, je ne l’ai pas trouvé ou plutôt, je ne l’ai pas cherché. Je ne sais pas le nommer mais je sais malheureusement qu’il agit. Notre pays souffre d’une absence évidente de dialogue.

Jamais les émotions de nos compatriotes n’ont eu autant besoin de se traduire en débats éclairés. Un débat ne peut être éclairé qu’à la lumière des idées, de la raison.

Et ces idées doivent être fondées sur le seul intérêt général. Dialoguer, c’est se dire les choses franchement et sereinement. Dialoguer c’est écouter et pas chercher à faire du buzz. Dialoguer c’est partager et installer la confiance.

La situation nous invite au pragmatisme et à la discussion, à l’ouverture et au consensus. Parce que oui, disons-le, le consensus n’est pas la compromission.

Je connais par exemple, la colère de ceux qui souffrent ou qui, tout au moins, éprouvent un sentiment d’oubli. Ces angoisses se sont exprimées lors des élections de l’année dernière.

Avec cette crainte d’être délaissés, abandonnés, en pensant que tout se concentre dans les métropoles, dans les grandes villes et qu’il y aurait comme une fatalité qui pèserait sur nos territoires.

Qu’elles soient fondées ou non nous devons répondre à ces inquiétudes. Il ne peut pas y avoir de territoires oubliés de la République, que ce soient les espaces dit ruraux ou que ce soient les banlieues.

C’est de la responsabilité de l’Etat et des collectivités locales que de garantir l’égal accès à tous aux services : l’emploi, l’éducation, la santé, la culture, la sécurité, le numérique… C’est de ma responsabilité politique de le permettre.

Je veux à ce stade remercier Madame La Sous-Préfète, représentante de l’Etat ici présente, pour le travail que nous faisons ensemble au quotidien et au service de chacun d’entre vous. Je veux la saluer pour sa disponibilité et son engagement.

Des remerciements que j’adresse également au Colonel de gendarmerie Georges Fourcade. Pour sa présence bien sûr mais aussi pour son écoute.

Ensemble, nous avons défendu le projet de réorganisation de la présence de la Gendarmerie sur le territoire de la Montagne. Ensemble, nous avons obtenu les effectifs supplémentaires nécessaires à cette réorganisation.

Nous savons tous combien l’offre de santé en Ardèche méridionale dépend du bon fonctionnement du Centre Hospitalier d’Ardèche Méridionale.

Récemment encore, à l’occasion de la cérémonie des vœux au personnel, Monsieur le Directeur a pu nous rassurer. Tant sur les projets d’investissements que sur le recrutement médical. Et puis, ce dossier récurrent sur lequel nous sommes tous vigilants : le renouvellement de la néonatologie. Sur ce point, les informations dont je dispose sont plutôt rassurantes.

L’égalité ce n’est pas l’uniformité et on ne peut pas adopter partout les mêmes solutions sans prise en compte des spécificités locales. Ne rien changer, ce serait passer à côté d’évolutions utiles. Ne rien changer serait se priver de toutes réflexions dont nous avons besoin.

Ne pas accepter d’évoluer, reviendrait à mettre la clé sous la porte et s’obliger à partir vivre chez le voisin.

La France a toujours été diverse. Elle a besoin de métropoles attractives à l’échelle de l’Europe, d’agglomérations puissantes. Elle a besoin aussi des départements qui assurent la proximité et la solidarité.

Depuis mars 2015, me voilà conseillère départementale d’Aubenas après avoir été conseillère régionale. Je fais la différence entre ces deux échelons complémentaires. Avec ce mandat, je vis encore de plus près la réalité de l’Ardèche.

Je tiens ici à faire une parenthèse et saluer comme il se doit l’investissement du personnel du Département. Chaque jour, ils sont sur les routes ou ailleurs mais toujours aux côtés des personnes dans le besoin et se plient en quatre pour trouver des solutions.

Avec une mention spéciale pour les travailleurs sociaux, lesquels, comme on le croit trop fréquemment, ne se limitent pas à de l’assistanat. En Ardèche, il faut savoir que le taux de retour à l’emploi des allocataires du RSA est parmi les meilleurs de France. C’est une fierté pour nous.

La France, j’y reviens, a également besoin de communes fortes regroupées dans des intercommunalités pour faire vivre la démocratie. C’est cette complémentarité qui nous permet d’assurer le développement local dans la cohésion nationale.

Les grandes régions sont là depuis le 1er janvier. Les départements se sont renouvelés avec un mode de scrutin permettant la parité et ils assurent leur rôle.

Puis, il y a les intercommunalités. Grand sujet d’actualité puisque vous le savez, il est question de créer une agglomération autour du bassin de vie d’Aubenas.

Je sais que certains parmi vous s’interrogent. Je regrette que ce sujet reste réservé aux initiés et que les citoyens ne soient que très peu informés.

Jusque-là, je ne m’étais que peu exprimée sur le sujet. J’aurais pu continuer ainsi ou faire, comme certains, du politiquement correct, du calcul politicien en suivant l’avis du plus grand nombre.

Mais vous me connaissez, le courage ne me fait pas peur, surtout lorsque j’ai la conviction qu’il sera payant pour mon territoire.

Je sais que ma position risque de froisser certains de mes amis, y compris les plus proches politiquement.

Mais, comment faire l’économie d’une agglomération autour d’Aubenas ? Montélimar, Privas, Annonay, Le Puy, Ales le sont déjà ou sont en train de se constituer en agglomération.

Pourquoi ce qui est bon pour les autres ne le seraient pas pour nous ?

Une agglomération c’est plus de dotation de l’Etat, plus de compétences, notamment dans les transports et l’économie. Demain, le Département abandonnera les compétences que je viens de citer à la Région. Pensez-vous une minute que si nous ne sommes pas organisés, la Région tiendra compte de nous ? D’autant que le département de l’Ardèche n’a pas de place au sein de l’exécutif régional.

Il nous faut être en capacité de lutter à armes égales avec nos voisins pour nos entreprises, pour capter les financements nécessaires à l’amélioration de nos services, tout simplement pour assurer notre avenir.

Alors non la carte actuellement proposée par Monsieur le Préfet n’est pas satisfaisante. Non, le débat avec les élus n’a pas été suffisant.

Je comprends qu’elle puisse interpeller, notamment dans les communes les plus éloignées d’Aubenas. Mais je fais confiance aux élus locaux pour se concerter et trouver la bonne maille. Nous sommes condamnés à réussir.

Car, la seule question qui vaille, c’est l’emploi. Au plan national, un effort important a été engagé. Les déficits publics se réduisent de manière continue, les entreprises retrouvent les marges d’avant la crise, la compétitivité s’est redressée.

Le succès de nos entreprises, notamment dans la nouvelle économie numérique, est reconnu à l’échelle internationale. Le french-bashing, ou dit autrement le dénigrement de la France à l’étranger, n’est plus d’actualité. Reste à nous convaincre de stopper notre auto dénigrement !

Notre défi est de redéfinir un modèle économique et social. Redéfinir, mais ne pas renoncer à nos fondements. Entre le libéralisme sans conscience et l’immobilisme sans avenir, il y a une voie qui s’appelle « la société du travail ».

Du travail encouragé, du travail valorisé, du travail respecté. Le travail est notre valeur commune, l’emploi notre responsabilité partagée.

L’objectif, c’est plus de liberté pour l’entreprise pour investir, pour innover, pour créer des emplois. Mais aussi plus de liberté pour le salarié pour choisir son métier, sa formation, la conduite de sa vie professionnelle et personnelle.

L’objectif est de donner un espoir, une perspective. De faire vivre la société du mérite pour tous, partout.

Dans cette salle, nous n’avons pas tous les mêmes idées, ce serait d’ailleurs un problème. Nous partageons cependant un refus commun. Ce refus est celui du repli, de la résignation, de la peur, de la fermeture. Sur le terrain de l’emploi, une même exigence : redonner confiance et espoir.

Cet espoir s’est levé avec l’accord de Paris pour l’avenir de la planète, en décembre dernier. J’ai eu la chance de vivre cet événement de l’intérieur et de participer aux débats.

Essayer de regarder au-delà de nous-même, de nos destins personnels, de nos propres vies et savoir quelles traces nous laissons pour que les générations futures puissent être fières de nous. C’est ce que nous avons fait lors de la COP 21.

C’est un accord que l’on a qualifié d’historique. Il l’est puisque c’est le premier et qu’il a réuni tous les Etats du monde. Il est historique parce que nous faisons l’Histoire, mais il est aussi historique parce qu’il rend possible le passage à une nouvelle économie bas carbone vers les énergies renouvelables.

C’est un changement économique considérable qui va s’engager.

D’abord parce qu’il fait sens en préservant notre environnement, notre santé et notre cadre de vie.

Mais aussi parce qu’il crée de l’emploi ici, chez nous car les énergies renouvelables ne sont pas délocalisables. J’en profite pour me féliciter que deux projets d’investissement de plusieurs millions d’€ dans le photovoltaïque, que j’ai accompagnés, voient le jour à Vallon Pont d’Arc et Lanas.

Cet accord de Paris, nous l’avons obtenu car la France a su montrer l’exemple quelques mois plus tôt en adoptant la loi sur la transition énergétique et la croissance verte.

La loi la plus importante du quinquennat avait annoncé le Président de la République. Et bien cette loi a été écrite en partie ici en Ardèche ! Mes collègues parlementaires m’ont confiée la responsabilité de Rapporteure du texte. J’y ai consacré des milliers d’heures et je l’ai fait avec passion.

Cette passion, je la garde en moi et je ne veux pas, je ne peux pas, m’arrêter là. Je me suis donc consacrée à une autre loi.

Pas un projet de loi déjà écrit par le gouvernement. Non.

Cette loi, que j’ai présentée hier à l’Assemblée nationale, porte sur le dialogue environnemental et la participation du public.

J’ai commencé mon intervention en vous faisant partager un constat, le manque dialogue.

Ce manque de dialogue nous l’avons tous vécu comme une injustice quand nous avons eu connaissance en 2010 de la délivrance des permis gaz de schiste.

Et bien j’ai décidé d’aller plus loin. Dénoncer n’est pas suffisant. J’ai donc écrit une proposition de loi pour faire changer les choses durablement en interdisant toutes les techniques d’exploration et d’exploitation de gaz de schiste. Et comme rien n’est jamais acquis, je serai le 28 février avec nombre de mes collègues élus, à Barjac au rassemblement annoncé.

Chers amis, mon discours tend à sa fin. Nous sommes nombreux, et un peu plus jeunes cette année dans la salle. Ces doux visages, un peu tendus mais souriants qui nous entourent ne vous ont pas échappés.

En novembre dernier à Paris c’est la jeunesse qui a été frappée avec tout ce qu’elle représente. C’est de la confiance que nous lui portons que dépend notre avenir. Ce soir, j’ai voulu la mettre à l’honneur.

En déléguant l’organisation de cette cérémonie de voeux aux élèves du Lycée hôtelier de Largentière, c’est un message de confiance et d’encouragement que j’ai voulu leur adresser.

Je veux leur dire que je crois, que nous croyons en eux. Je veux leur dire qu’ils sont beaux et méritants. Je veux leur dire que nous les aimons. Je veux leur dire, foncez tel un joueur du RCAV qui veut aller toujours plus haut et vous vaincrez.

Ils sont moins nombreux, et un peu plus âgés, mais je veux aussi rendre hommage à celles et ceux qui les accompagnent tous les jours sur le chemin de la vie. Je m’adresse aux enseignants et aux équipes éducatives de ce lycée hôtelier, et à travers eux à l’ensemble des enseignants et équipes éducatives.

Chers amis, la fidélité, l’ingéniosité, l’ouverture sont les marqueurs identitaires de l’Ardèche. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le résultat d’une excellente étude portée par la maison de l’emploi et de la formation de l’Ardèche.

Je vous invite d’ailleurs à la consulter.

Il y a dans cette salle tant de nuances d’idées. Mais il y a, au plus profond de nous, l’amour de l’Ardèche et au-delà de la promesse républicaine.

Alors, restons fidèles, ingénieux, ouverts. L’amour de la République nous réunit et nous rassemblera toujours.

Ayons à cœur pour 2016 d’élever si haut l’amour de la République que tout notre pays puisse le partager et nous rejoindre.

Je souhaite à chacune et chacun d’entre vous que fleurissent les joies, les fiertés et les bonheurs, collectifs et personnels. A l’image du nombril de Vénus qui s’accroche au calcaire dans le bois de Païolive, comme en atteste la photographie de Simon Bugnon, dans l’impossible faites naître le possible.

Je souhaite une année empreinte de cohésion nationale, de débat démocratique, de concorde républicaine. Rien n’est plus précieux que nos institutions, celles qui donnent un prolongement tangible aux idées de liberté, d’égalité, de fraternité. Plus que jamais en 2016, faisons vivre ces idées.

Vive l’Ardèche,

Vive la République,

Vive la France.

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