Commémoration du 18 mars 1962

IMG_7783Ce 19 mars, j’ai participé à la Commémoration des accords d’Evian du 18 mars 1962. Je vous propose de retrouver le discours que j’ai prononcé à cette occasion :

Monsieur le président de la FNACA,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames et messieurs les anciens combattants,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes aujourd’hui rassemblés afin de commémorer les accords d’Evian du 18 mars 1962.

Depuis le 6 décembre 2012, ce jour est consacré par la loi « journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. »

En tant que députée, je suis heureuse d’avoir soutenu par mon vote, cette loi. Elle nous permet d’être réunis, à cette date précise pour rendre hommage à toutes les victimes du conflit, tant civiles que militaires, françaises ou algériennes.

Notre Histoire nationale est traversée de grandes dates, qui imprègnent notre appartenance collective. Comme l’a justement dit Victor Hugo : « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux. »

Le dimanche 18 mars 1962 est l’une de ces dates.

En effet, il y a 53 ans, les accords étaient signés à Évian, mettant fin à dix années de guerre en Algérie et aux combats du Maroc et de Tunisie. Le lendemain, lundi 19 Mars 1962 à 12 heures précises, le cessez-le-feu était proclamé.

Si les violences n’ont pas cessé du jour au lendemain, la logique de la paix finissait par s’imposer.

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Aujourd’hui, nous nous inscrivons dans une volonté de souvenir, de vérité et de réconciliation face à l’un des conflits les plus funestes qui impacta notre Nation.

Cette démarche traduit notre devoir de mémoire, essentiel à notre conscience collective et citoyenne, « Qui n’a pas de mémoire, n’a pas d’avenir » disait Primo Levi. Cela nous encourage encore davantage à la transmission à l’égard des jeunes, qui seront demain les porteurs et à leur tour les passeurs de notre mémoire réconciliée.

Cette démarche illustre aussi, et c’est le sens que je souhaite lui donner, notre profond respect allié à notre reconnaissance, à l’égard des anciens combattants. A ces jeunes engagés ou appelés, projetés brutalement dans la guerre. Beaucoup y perdirent la vie, près de 30.000. Toute une génération, et vous êtes là pour en témoigner, a été marquée physiquement et psychologiquement par ce conflit. Nous devons saluer votre sens du devoir, votre courage. Cette commémoration porte reconnaissance, par la République, des souffrances endurées en son nom.

Enfin, nous devons rendre également hommage aux victimes civiles, particulièrement nombreuses durant ce conflit. 4 000 furent victimes d’attentats en France comme en Algérie, 270 000 algériens ont été tués, sans oublier les plusieurs dizaines de milliers d’harkis qui servirent la France et qui furent massacrés après le cessez-le-feu.

Derrière ces chiffres plus encore, ce sont des hommes et des femmes aux vies certes singulières, mais néanmoins marquées par une guerre tragique, en une région du monde qui connut avec la France le meilleur comme le pire.

 

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Il ne m’appartient pas de dresser le bilan de la présence française en Algérie, là réside la place des historiens.

En tant que Parlementaire, en tant que citoyenne, je dois plutôt me tourner vers l’avenir.

L’avenir que nous devons construire, c’est celui des deux rives de la Méditerranée, la Méditerranée de Fernand Braudel, ce fantastique berceau de civilisation, ce creuset de cultures.

Comme le disait le Général de Gaulle, dans un discours prononcé la veille du 19 mars 1962 : « Par-dessus les combats, les attentats, les épreuves, en dépit de toutes les différences de race, de vie et de religion, il y a entre l’Algérie et la France, non seulement les multiples liens tissés au cours de 132 ans de leur existence commune, non seulement les souvenirs des grandes batailles où leurs enfants des deux pays luttèrent côte à côte dans nos rangs pour la liberté du monde, mais encore une sorte d’attrait particulier et élémentaire qui s’élève. »

En renforçant les interactions de toutes sortes, nous forgerons l’avenir.

Notre proximité, qu’elle soit géographique, climatique, linguistique, ou bien culturelle, doit être un atout. Aujourd’hui, dans le monde globalisé, la Méditerranée se doit de demeurer un espace de coopération à la fois économique, mais également sécuritaire comme nous le voyons hélas actuellement.

De par ce passé commun long et douloureux, la France et l’Algérie ont scellé, qu’elles le veuillent ou non, une évidente communauté de destin.

Bâtir un avenir de paix et de fraternité entre nos peuples, c’est honorer de la plus belle manière le sacrifice héroïque de nos soldats morts au combat.

Car ce 19 mars est un jour d’hommage qui nous engage. A ce titre, je tiens à remercier tous les membres de la FNACA pour leur fidélité remarquable, ainsi que leur ténacité à organiser chaque année cette commémoration.

Vive la République.

Vive la France.