Chroniques de la COP 20 à Lima : première partie

Depuis Lima au Pérou, où je fais partie de la délégation française, conduite par la Ministre Ségolène Royal, qui participe à la Conférence de l’ONU sur le climat, je vous propose de retrouver ma première chronique de cet évènement.

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« A Lima, la première session des négociations, dite « session  technique », s’est achevée ce lundi 8 décembre. La seconde session, celle dominée par le segment ministériel à haut niveau se poursuit.

Depuis le 9 décembre à 10h et jusqu’au 11 décembre les déclarations nationales par l’ensemble des ministres et des chefs de délégation présents s’enchaînent à raison de 3 minutes par État.

La vraie question est : les décisions finales seront-elles adoptées ce vendredi comme prévu ?

Je crains que le débat se prolonge.

La première difficulté consiste à dépasser la division Nord-Sud. Les pays développés estiment que les contributions ne doivent pas entretenir cette séparation alors que les pays en développement se montrent plutôt « agressifs » sur le sujet qualifiant cette séparation de « mur de feu ». Concrètement, disons-le, entretenir cette séparation c’est reconnaître des spécificités de situations et pourquoi pas des spécificités de moyens.

D’où, la seconde difficulté. Celle qui porte sur le contenu des contributions. Sur ce point aussi deux visions s’affrontent. Si tous les pays sont d’accord pour diminuer les émissions, les pays en développement veulent aussi parler adaptation puis finance et technologie. Mais les contributions sont volontaires, unilatérales et chacun décide ce qu’il veut.  Et la question de l’adaptation est moins une priorité pour les pays développés.

La troisième difficulté porte sur le financement : les pays développés s’engagent à mobiliser 100 milliards de $ d’ici 2020. 10 milliards ont déjà été atteints pour le fonds vert. En soit, c’est une bonne nouvelle. Pourtant se pose la question de la répartition de ce fonds. Sur ce point, les pays en développement sont très vigilants et estiment  que le fonds ne doit pas se concentrer sur des mesures d’atténuation qui profiteraient davantage aux pays développés mais qu’il doit privilégier le financement de mesures d’adaptation. Les pays africains, notamment, réclament du concret, du financement d’actions qui visent par exemple à adapter l’agriculture au changement climatique, à lutter contre la déforestation… à adapter plutôt qu’à atténuer.

De toute évidence, à Lima on ressent cette tension entre pays riches et pays moins riches. Entre ceux qui ont déjà connu un développement économique soutenu et les autres.
L’Afrique est aujourd’hui sur une position hostile et difficile. Souvent sur la défensive. L’Afrique du Sud plus positive mais soucieuse de l’unité africaine.
En clair, les pays africains veulent bien faire l’impasse sur un mode de production et de développement qui a profité aux pays développés mais ne veulent pas être oubliés. Ils craignent que les mesures d’accompagnement profitent davantage aux coupables qu’aux victimes. Comment ne pas comprendre cette revendication ?

A côté, des pays silencieux comme l’Asie ou bien la Russie pourtant responsable de 5% des émissions. D’autres avec des messages souvent contradictoires comme l’Inde. La Chine responsable de 22% des émissions semble plutôt constructive tout comme les Etats-Unis, mais ces derniers ne souhaitent pas s’engager au plan international pour des raisons de politique interne.

Aujourd’hui tous les pays sont d’accord pour en finir en 2015. La question de fond est celle de la consolidation des feuilles de route et de leur structuration pour atteindre l’objectif, celui de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. Si l’objectif est partagé, les spécificités sont affirmées. Il reste encore quelques heures pour discuter et convaincre. Mais ne nous leurrons pas. A Lima, on ne va pas boucler le texte de Paris.

C’est bien à Paris que les choix les plus difficiles seront à prendre. «