Auditions du Groupe d’études Châtaigneraie

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En tant que Présidente du Groupe d’études sur la châtaigneraie à l’Assemblée Nationale, j’ai souhaité réunir, le mercredi 30 mars, les représentants du Syndicat National des Producteurs de Châtaignes (SNPC), les services du Ministère de l’Agriculture et des représentants des Parcs naturels régionaux.

Ce groupe de travail répond à la demande unanime de l’interprofession de pouvoir travailler en commun avec les parlementaires et l’ensemble des acteurs des territoires concernés, dans une période ô combien importante pour l’avenir de cette filière.

Il s’agit également d’une sujet central pour le département de l’Ardèche, qui demeure rappelons-le, le premier département français producteur de châtaignes avec environ 50 % de la production nationale, et qui abrite en outre quelques-unes des principales entreprises nationales de transformation de châtaignes.

L’audition fut l’occasion de revenir sur les principaux enjeux de la filière castanéïcole et de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs mois, suite notamment à la réception qui s’est tenue à l’Elysée en présence du Président de la République François HOLLANDE, et du Ministre de l’Agriculture Stéphane Le FOLL.

 

Messieurs Bertrand GUERIN, Président du Syndicat National des Producteurs de Châtaignes (SNPC), et Eric BERTONCELLO, animateur du SNPC, ont fait le point sur les caractéristiques de la production castanéicole française :

  • Production française annuelle moyenne 2012-2014 : 8000 tonnes de châtaignes ;
  • Consommation majoritairement en frais ;
  • On estime la consommation totale (frais et transformé) à environ 300 g par personne et par an ;
  • Les marchés des produits transformés sont en progression et les entreprises de transformation ont besoin de châtaignes (farine de châtaigne, purée et crèmes, châtaignes entières pelées, marrons glacés et confits…) ;
  • La châtaigne est un aliment sain, à grande valeur diététique et sans gluten ;
  • Les producteurs veulent développer les signes officiels de qualité (Agriculture Biologique, AOP, IGP, Label Rouge);
  • Des modes de production avec peu d’intrants ;
  • Un verger majoritairement localisée en zone de montagne (sans production de substitution) ou en zone défavorisée ;
  • L’entretien des vergers participe à la lutte contre les incendies ;
  • La châtaigne possède une image forte et très positive, emblématique de nombreuses régions.

 

 

Ils ont ensuite présenté les problématiques actuelles.

En France, la production de châtaignes a été divisée par 7 en 50 ans. Alors que la demande en châtaignes augmente, nous perdons plusieurs dizaines de tonnes par an.

Cette baisse est due à plusieurs facteurs :

  • Le dépérissement des arbres souvent centenaires, accentué par le réchauffement ;
  • Des variétés traditionnelles sensibles aux maladies et ravageurs : encre, chancre de l’écorce, insectes, pourritures des fruits ;
  • Un ravageur récent, le cynips du châtaignier ;
  • De faibles possibilités d’irrigation des vergers traditionnels ;
  • Des prix à la production parfois trop faibles, notamment pour la châtaigne destinée à la transformation industrielle,
  • Un soutien insuffisant à la rénovation du verger ;
  • Des procédures trop longues pour créer un signe officiel de qualité (AOP, Label Rouge, IGP) ;
  • L’augmentation des dégâts de la faune sauvage, en particulier le sanglier.

Et nous avons ensuite défini les axes de travail.

Le Groupe d’études sur la châtaigneraie est conçu comme un lieu d’écoute des acteurs de la castanéiculture, mais aussi et surtout comme un relai d’action.

C’est pourquoi après les constats, nous réfléchissons tous ensemble aux actions à entreprendre.

  • Sur la question du problème du cynips :
    • Nous savons la lutte biologique efficace, il convient donc de poursuivre cette action et de sécuriser les financements.
    • Concernant l’indemnisation des producteurs via le FMSE, l’engagement présidentiel lors de la réception à l’Elysée a été tenu pour 2014. Il conviendra de le reconduire dans la durée.
    • Une nouvelle piste abordée est celle de la création d’une indemnisation pour les entreprises touchées dans l’aval. Nous travaillerons cette question dans les prochains mois.

  • Sur la question des aides à la rénovation du verger : il convient de créer de nouveaux vergers par plantation et greffage de taillis mais aussi remettre en état les vergers abandonnés.
    • Une de nos pistes de travail est de trouver des financements (collectivités, Parcs naturels…) ;
    • Mais également de faire évoluer les programmes actuels, notamment le programme FranceAgriMer qui est insuffisant : limitation des travaux soutenus, pas de prise en compte des travaux personnels, liste des variétés éligibles trop restrictive…
    • Développer les travaux de recherches à travers le montage de dossiers CASDAR ou ECOPHYTO.

  • Sur les freins liés au défrichement :
    • Une des propositions en cas de création d’un verger de châtaignier dans des zones boisées est l’exemption de versement de l’indemnité au fonds stratégique de la forêt et du bois (en cas d’impossibilité de compensation en nature de boisement, reboisement ou travaux forestiers).

  • Sur la question des importations de châtaignes, notamment asiatiques, le SNPC demande :
    • Aux services de l’État une très grande vigilance sur la qualité des produits et un renforcement de la traçabilité ;
    • Que seuls les produits composés de Castenea sativa puissent donner lieu à dénomination marrons ou châtaigne, sans autre compléments de dénomination ;
    • Le développement des signes officiels de qualité, et la réduction des délais d’obtention.

C’est devant le triple enjeu que revêt la reconquête de la châtaigneraie – économique, social mais également identitaire – et devant la forte mobilisation des producteurs comme des élus attachés à cette filière, que je me suis engagée à faire avancer ces différentes demandes.