Accompagnement des victimes de la prostitution : mon intervention

L’article 3 vient compléter l’article L. 121-9 du code de l’action sociale et des familles. Il y ajoute le bénéfice de la protection et de l’accompagnement pour les personnes victimes de la prostitution, la création d’un parcours de sortie de la prostitution dont le suivi est assuré par une instance départementale, et enfin, l’ouverture du droit à un titre de séjour temporaire pour les personnes engagées dans le parcours de sortie.

Ces dernières semaines, par voie de communiqués de presse, de pétitions et autres tribunes, nombreux ont été les débats sur la question de la pénalisation du client, réduisant dès lors cette proposition de loi à de simples mesures pénales. Ce texte va bien au-delà, il est global, il punit, il protège et enfin, il accompagne. Punir les clients, lutter contre les réseaux de traite et consentir aux prostituées le statut de victime était devenu indispensable. Nous le ferons, et irons même au-delà. Car comment pourrions-nous lutter contre les formes modernes d’esclavage sans protéger ces femmes des réseaux qui les ont tant détruites et qui les hanteront à jamais ? Comment prétendre mettre fin à ces situations de misère sans accompagner véritablement celles dont les seuls repères étaient la violence, la brutalité et la soumission ?

Affirmant avec force notre volonté de ne pas abandonner les victimes à leur triste sort, cet article 3 donne corps et crédibilité à la position abolitionniste de la France. En leur permettant de disposer d’un système de protection, nous leur montrons que nous avons conscience des menaces que les réseaux de proxénètes font peser sur elles et que nous ne les acceptons pas. Nous les protégeons également contre l’éventualité que ceux-ci s’emparent à nouveau d’elles.

Elles ont vu en la prostitution l’ultime solution, le dernier recours à la misère. La patrie de la démocratie, de l’égalité, de la justice et des droits de l’homme, que nous défendons tous, ne peut pas accepter que l’exploitation des corps fasse partie de l’espace des possibles. Par le parcours de sortie et le contrat qu’il suppose, nous montrons à ces victimes qu’une autre voie est possible. En leur donnant la possibilité de bénéficier de l’allocation temporaire d’attente et en faisant confiance aux associations conventionnées, nous les accompagnons dans le chemin qui leur permettra de retrouver l’intégrité physique et morale qui leur avait été, jusqu’ici, confisquée. Nous leur réaffirmons qu’elles aussi ont droit à la liberté et à la dignité. Nous leur permettons de recréer avec autrui un lien social pacifié, apaisé, où les violences physiques et morales ne sont plus la règle.

Pour finir, nous leur signifions que l’État n’est pas l’ennemi des victimes mais ennemi de leurs bourreaux. Cet article en est la promesse. Et surtout, nous rappelons l’État social à ses devoirs : soutenir, accompagner et venir en aide à celles et ceux qui ont souffert, souffrent ou risquent de souffrir de toute forme de barbarie, quelle qu’elle soit. Un État social qui a encore le pouvoir de substituer le respect à la brutalité, la paix à la violence, et surtout l’humain à l’inhumain.