Cérémonie militaire en hommage à la fidélité et à la solidarité entre les Harkis et Fusiliers marins à Largentière

Ce 13 juin, j’ai participé à la Cérémonie militaire en hommage à la fidélité et à la solidarité entre les Harkis et Fusiliers marins à Largentière.

Je vous propose de retrouver le discours que j’ai prononcé à cette occasion :

 

IMG_6196

Monsieur le Préfet,

Monsieur le contre-amiral,

Monsieur le Président MOUSLIM,

Mesdames et Messieurs les Elus,

Messieurs les officiers et sous-officiers de Marine,

Messieurs les Harkis Marine,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

 

Nous sommes ici, aujourd’hui réunis, afin de célébrer ensemble notre histoire commune qui s’est bâtie sur des valeurs essentielles : celles d’une solidarité exemplaire qui doit aujourd’hui encore, nous inspirer.

 

********

Il est des moments cruels, où les vents de l’Histoire s’abattent sur la vie des hommes. Face à cette puissance foudroyante, vient l’heure des choix.

Vous Harkis, vous avez fait celui de la fidélité à la France quoi qu’il vous en coûte.

Vous avez aimé la France jusqu’à accepter de quitter à jamais les terres qui vous ont vu naître, ces terres sur lesquelles vous avez prospéré et élevé vos enfants, ces terres sous lesquelles vous avez enterré vos aïeux. Vous avez tout quitté, debout, sans fléchir.

Prenant les armes, vous avez fait le choix de vous engager aux côtés de l’armée française, la servant avec bravoure et héroïsme.

Ce choix a transformé votre vie en destin, vous plaçant dans la longue suite des femmes et des hommes qui ont fait notre Nation.

Aujourd’hui, nous vous témoignons notre reconnaissance car votre destin est notre Histoire.

********

Il est des moments cruels, où les vents de l’Histoire s’abattent sur la vie des hommes. Face à cette puissance foudroyante, vient l’heure des choix.

En 1962, à Nemours, à Mers el-Kébir, à Largentière, là où le gouvernement français choisissait de faillir à ses devoirs, la D.B.F.M l’a remplacé et a choisi de défendre l’honneur de notre pays en respectant ses engagements.

Là où le gouvernement français abandonnait en Algérie ceux qui lui avaient été fidèles, la D.B.F.M choisissait de les rapatrier.

Là où le gouvernement français abandonnait des hommes, des femmes et leurs enfants à des conditions de vie inacceptables sur son territoire, la D.B.F.M se mobilisait pour que ses compagnons d’armes puissent y vivre dans la dignité.

Vous, fusiliers marins et amicale de la D.B.F.M, vous demeuriez fidèles à vos relations fraternelles, envers ceux que vous considériez comme vos égaux, vos frères d’armes et de cœur.

Vous prouviez que la solidarité constitue l’unique échappatoire en de funestes heures.

Aujourd’hui, nous vous témoignons notre reconnaissance car vous représentez l’honneur de l’Armée française, l’honneur de la France.

********

Tous, ici réunis, vous avez construit une œuvre de solidarité rare, mais néanmoins nécessaire. Celle d’une amitié, qui a su dépasser des circonstances dramatiques, et qui perdure entre vous. Notre territoire puise sa force de votre persévérance.

Si vous harkis, avez dû faire face au déracinement, alors que tout homme a besoin de ses racines, j’espère que nos terres d’Ardèche ont su vous donner autant que vous le méritiez. Qu’elles ont su vous accueillir comme si vous en étiez les enfants.

Tout ce que notre Ardèche et notre patrie a pu vous donner, vous le lui avez rendu, vous nous l’avez rendu, alors même que vous aviez déjà tant donné. Vous nous avez remplis de richesses rares et inestimables : le courage face à l’adversité, le sens du service et du devoir, la générosité de l’âme et du cœur.

********

Il est d’une impérieuse nécessité que de perpétuer l’exemplarité de votre histoire en n’acceptant aucune forme d’oubli, surtout lorsque l’on songe aux défis qu’affronte aujourd’hui notre République pour retrouver sa cohésion et son unité, qui ne saurait rappelons-le s’accommoder d’aucune forme d’exclusion.

Je voudrais saisir l’occasion d’un tel évènement pour remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué hier, et contribuent aujourd’hui, à la commémoration perpétuelle de cette histoire car nous ne devons jamais laisser l’oubli s’ajouter au sacrifice.

Se souvenir de votre histoire, la raconter et la célébrer, demeure primordial pour l’approfondissement de notre concorde nationale. Car il y a 53 ans, tous n’ont pas eu la sagesse de la solidarité. Tous n’ont pas eu la droiture de la fidélité. Tous n’ont pas eu l’intelligence de l’ouverture.

Alors que tout dans notre tradition républicaine refuse le système des communautés, il nous faut aujourd’hui réparer les erreurs qui ont été commises par le choix de la séparation et de l’isolement, hélas encore perceptible.

 

Ainsi, pour ce que vous représentez tous, fusiliers marins et harkis, comme modèle d’unité, d’histoire partagée, de solidarité pour l’avenir, je veux vous dire merci.

Au-delà et à l’image de votre action, je veux également appeler à lutter plus efficacement contre toutes les discriminations, quels que soient le lieu où elles s’expriment et la forme qu’elles revêtent.

 

Il s’agit là, du devoir de notre République.

Vive la République,

Vive la France.