Célébration du 70ème anniversaire de l’élection des 33 premières femmes députées

Sans titre

Hubertine AUCLERT a écrit : « L’universalisation du suffrage aux femmes, décuplera la puissance de la nation, accélérera l’évolution sociale, intensifiera la sollicitude de la collectivité à l’égard de l’individu ; et, fera s’ouvrir pour les humains une ère de bonheur ».

Et pourtant, quel parcours, quelle lutte, quelle conquête afin que les femmes deviennent des actrices à part entière de la vie politique française.

Car cette place n’a pas été octroyée aux femmes. Elles l’ont conquise.

Cent cinquante ans après la promulgation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cent ans après que le suffrage ait été déclaré « universel », en 1848. Alors qu’il ne l’était que pour une moitié de la France.

CONDORCET, en 1790, s’indignait que les hommes « violent le principe de l’égalité des droits, en privant tranquillement la moitié du genre humain de concourir à la formation de la loi ».

Ces droits, elles les ont revendiqués au prix de leur vie. 

Rappelons-nous d’Olympe DE GOUGES qui avait écrit sa Déclaration des droits des femmes et de la citoyenneté. Elle avait énoncé : « Les femmes ont le droit de monter sur l’échafaud ; elles doivent avoir le droit de monter à la tribune ». On lui proposa malheureusement l’échafaud, c’était en 1793, où elle prononça les mots suivants : «  Enfants de la Patrie vous vengerez ma mort. »

 

Depuis, du chemin a été parcouru. Le 21 octobre 1945, les Françaises participaient en effet, pour la première fois aux élections législatives, en tant qu’électrices mais aussi comme candidates, et trente-trois d’entre elles furent élues députées.

67 années plus tard, j’étais élue première DéputéE de l’Ardèche.

En appelant à célébrer ce 70ème anniversaire, je souhaite rendre hommage à ces grandes figures politiques féminines qui nous ont montré la voie.

Elles ont participé à faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes dans notre pays.

Nous devons également, à la suite de Simone DE BEAUVOIR, ne jamais oublier « qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. »

C’est pourquoi, nous devons persévérer. Le Droit de vote ne suffit pas, l’éligibilité ne suffit plus.

 

Si les Gouvernements socialistes successifs ont, et ce fut un long débat aussi, introduit la parité dans notre droit constitutionnel, aujourd’hui la composition de nos Assemblées n’en témoigne que trop. Seuls 26,4 % des députés et 25,5% des sénateurs sont aujourd’hui des femmes. En mars dernier, une innovation, le scrutin binominal paritaire, a permis d’élire 50 % de femmes aux élections départementales. Mais sur les 101 départements, seules 10 présidences leur ont été octroyées.

Le Gouvernement a voulu aller plus loin et il a raison. Puisque maintenant seront aussi désignés à la parité les candidats aux élections des instances de gouvernance des universités, les candidats et les candidates aux ordres professionnels, mais aussi dans les instances consultatives locales, nationales, les autorités administratives indépendantes, les conseils d’administration et de surveillance – à certaines conditions – des entreprises, les caisses de sécurité sociale, les mutuelles, les fédérations sportives et même les chambres consulaires. Toutes les institutions doivent respecter le principe de parité.

Mais nous sommes aussi conscients que les droits politiques, aussi fondamentaux soient-ils, ne suffisent plus. Nous devons travailler à élaborer inlassablement une nouvelle génération de droits, qui octroient aux femmes l’égalité réelle, l’égalité dans les rémunérations, les temps de vie et le droit tout simplement de se projeter dans l’avenir.
Le soixante-dixième anniversaire de la première élection de femmes Députées  est un moment important pour notre République. Il doit être l’occasion de réaffirmer notre mobilisation et d’inviter les jeunes générations, femmes et hommes, à s’emparer de cette cause.

A un moment où justement, les jeunes générations s’abstiennent davantage que leurs aînés, percevant sans doute le Droit de vote et l’égalité civique comme acquis et irrévocables.