Commémoration au Hameau des Crottes

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Le dimanche 5 mars a eu lieu la commémoration du massacre du Hameau des Crottes, à Labastide-de-Virac.

Je vous invite à retrouver le discours que j’ai prononcé à cette occasion :

 

Madame la Sous-préfète,
Monsieur le 1er Vice-président du Conseil départemental,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élu(e)s,
Mesdames et Messieurs les représentants des combattants,
Mesdames et Messieurs les représentants des corps constitués,
Mesdames et Messieurs,

 

Je souhaite adresser mes remerciements les plus chaleureux aux Anciens combattants de la Résistance en Ardèche pour leur fidèle présence à cette cérémonie commémorative, ainsi qu’à Monsieur le Maire et à sa municipalité qui en assure d’une façon exemplaire la pérennité.

Il y a comme cela quelques moments dans la vie, ils ne sont pas si nombreux, où l’on sent soudain la présence des lieux, l’intensité des souvenirs.

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Nous connaissons tous les événements tragiques du 3 mars 1944, durant lesquels à 15 habitants de ce hameau furent odieusement assassinés.

Il est des moments cruels, où les vents de l’Histoire s’abattent sur la vie des hommes. Ce crime a transformé leur vie en destin, en les plaçant dans la longue suite des femmes et des hommes qui ont fait notre Nation.

Ici même s’est produit un crime, le pire des crimes, un crime contre l’humanité. Alors que la débâcle se dessinait chez les occupants, une folie meurtrière se précipita sur le Hameau des Crottes. Il ne s’agissait pas alors de combattre, il s’agissait de terroriser des femmes, des enfants, des vieillards. Si l’Homme est capable du meilleur, il peut aussi commettre le pire.

Une barbarie qui appela ces mots d’André Malraux : « Survivants de la Résistance, vous pouvez vraiment dire, sans avoir besoin d’élever la voix, que vous avez combattu en face de l’enfer. »

Le souvenir des martyrs du massacre des Crottes nous rappelle à l’humilité. Ils ne voulaient pas faire l’Histoire, en être les acteurs. Pourtant, ces personnes aussi en ont été les héros. On se pose la question, toujours la même : comment ont-ils pu trouver en eux-mêmes cette capacité d’agir, ce courage, cette bravoure ?

Régis DEBRAY a eu les mots pour qualifier ces hommes ou ces femmes : « Ordinaires qui ont accompli l’extraordinaire ».

Des hommes et des femmes qui ont obéi à ce qu’il y a de plus noble en chacun d’entre nous. Qu’ont-ils cherché ? A servir le destin collectif de la Nation, à porter la résistance face à l’occupant, face à toutes les oppressions, pour la justice.

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Rendons-leur hommage. N’oublions pas ce 3 mars 1944.

Notre Histoire nationale est traversée de grandes dates, qui imprègnent notre appartenance collective.

Comme l’a justement dit Victor Hugo : « Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux. »

Il est d’une impérieuse nécessité que de perpétuer l’exemplarité de l’histoire des martyrs des crottes, en n’acceptant aucune forme d’oubli.

Je voudrais saisir l’occasion d’un tel évènement pour remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont contribué hier, et contribuent aujourd’hui, à la commémoration perpétuelle de cette histoire. Car nous ne devons jamais laisser l’oubli s’ajouter au sacrifice. Car pour les peuples comme pour les individus, tout se conquiert et se reconquiert à chaque génération.

Commémorer, c’est rappeler que la République a traversé des épreuves terrifiantes et qu’elle a toujours su s’en relever. Et qu’elle ne doit avoir peur de rien.

Commémorer, c’est savoir d’où l’on vient pour mieux appréhender ce qui nous relie et nous fédère dans une nation, la nôtre.

Commémorer, c’est saisir la force des générations qui nous ont précédés afin de faire des leçons de vie pour les suivantes. C’est en se souvenant que nos enfants sauront qu’il ne faut jamais transiger avec le totalitarisme, qu’il ne faut jamais transiger avec le fanatisme, qu’il ne faut jamais transiger avec le terrorisme. Ces idéologies qui transforment, des hommes en tueurs, en tortionnaires et en bourreaux aveugles.

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Ici, au Hameau des Crottes on comprend quel était l’enjeu de la lutte. C’est au nom d’un idéal humain, de valeurs, d’une idée de la civilisation que tant de Français dans l’Histoire ont versé sang et larmes.

Je veux saluer toutes celles et tous ceux qui se sont engagés pour défendre les valeurs de la France, que ce soit au front pour les soldats des armées de libération, ou bien à l’ombre des maquis pour les combattants de la résistance.

Leur destin en fût bouleversé à jamais. Nous leur devons notre liberté, ils se sont battus pour que notre pays soit ce qu’il est aujourd’hui.

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Pierre Brossolette, maintenant panthéonisé disait : « Ce que nos morts attendent de nous, ce n’est pas un sanglot, mais un élan ».

Se souvenir de cette histoire, la raconter et la célébrer, demeure primordial pour l’approfondissement de notre concorde nationale.

Tous n’ont pas la sagesse de la solidarité. Tous n’ont pas la droiture de la fidélité. Prenons garde aux fanatismes et aux totalitarismes qui partout rampent en Europe, qui se répandent insidieusement, qui fourmillent sous des aspects policés… Car les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.

Ne laissons pas l’oubli, le racisme, la peur de l’autre et le repli sur soi gagner du terrain. Employons-nous et nous devons nous employer, à tous les niveaux, à bâtir une société solidaire, égalitaire, libre et fraternelle.

Vive la République !
Vive la France !

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